L’année 2025 marque un tournant décisif dans l’économie algérienne, avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi de finances. Publiée au Journal officiel le 29 décembre 2024, cette loi introduit des mesures ambitieuses visant à renforcer la transparence financière, à moderniser les transactions et à limiter l’économie informelle. Ces réformes s’accompagnent de nouvelles règles strictes concernant les moyens de paiement et des modifications fiscales impactant divers secteurs stratégiques.

Des transactions désormais exclusivement électroniques

L’une des réformes phares concerne l’interdiction des paiements en espèces pour plusieurs types de transactions importantes. Les achats immobiliers, les voitures neuves, les yachts, les bateaux de plaisance et les contrats d’assurance obligatoires doivent désormais être réglés par virement bancaire ou tout autre moyen électronique.

Cette mesure vise à :

  • Renforcer la traçabilité des flux financiers pour mieux lutter contre la fraude et l’évasion fiscale.
  • Limiter l’économie informelle, souvent alimentée par des paiements en espèces difficiles à contrôler.
  • Promouvoir l’inclusion financière, en encourageant l’usage des outils bancaires modernes comme les applications mobiles et les paiements sans contact.

Bien que saluée par les économistes pour ses objectifs de transparence et de gouvernance, cette réforme soulève des défis, notamment dans les zones rurales, où l’accès aux outils bancaires reste limité.

De nouvelles incitations fiscales pour les entreprises

La loi de finances 2025 introduit également des mesures pour dynamiser certains secteurs. Les entreprises bénéficient désormais de déductions fiscales :

  • 30 % sur les dépenses en recherche et développement, calculées à partir du résultat comptable.
  • La possibilité de déduire la TVA sur les dons effectués, afin d’encourager les initiatives philanthropiques.

Par ailleurs, les startups et les incubateurs voient leurs projets innovants exonérés de droits de mutation et d’enregistrement, une avancée significative pour stimuler l’innovation technologique en Algérie.

Hausse des taxes pour certains secteurs

Pour renforcer les recettes publiques, plusieurs augmentations de taxes ont été introduites :

  • La taxe sur la publicité passe de 1 % à 2 %, ses recettes étant partagées entre le budget de l’État et des fonds dédiés au développement de l’industrie cinématographique et de la presse.
  • La taxe de solidarité, appliquée aux importations, grimpe à 3 %.

Dans le secteur du tabac, des hausses de taxation allant jusqu’à 31 % selon les produits sont mises en place, accompagnées d’une nouvelle autorisation fiscale pour sa distribution.

Des mesures sectorielles stratégiques

Certains secteurs bénéficient d’incitations spécifiques :

  • Les coopératives de pêche et d’aquaculture profitent d’une exonération d’impôt sur les bénéfices, sans autorisation préalable.
  • La production d’engrais, jugée stratégique, bénéficie d’un cadre fiscal favorable.
  • Les exportations de pièces d’électroménager effectuées dans le cadre de garanties sont désormais simplifiées, sans formalités bancaires.

Un cap vers la modernisation

Avec cette loi, l’Algérie affirme sa volonté de moderniser son économie et de renforcer la transparence financière. La digitalisation des transactions et les réformes fiscales témoignent d’une ambition claire : bâtir une économie plus dynamique, équitable et innovante.

Cependant, le succès de ces mesures dépendra largement de l’efficacité des dispositifs de sensibilisation et de contrôle. Si les défis sont nombreux, notamment pour les populations éloignées des outils numériques, les opportunités qu’offre cette réforme sont immenses pour transformer durablement le paysage économique du pays.