L’Algérie devra patienter encore quelques années avant de pouvoir envisager une éventuelle adhésion au groupe des économies émergentes BRICS. Six nouveaux pays ont été acceptés pour rejoindre ce cercle restreint, comme annoncé ce jeudi par le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, à l’issue du sommet tenu à Johannesburg du 22 au 25 août.

Parmi ces pays figurent l’Argentine, l’Égypte, l’Arabie Saoudite, l’Éthiopie, l’Iran et les Émirats arabes unis. Leur intégration au sein des BRICS sera effective à partir du mois de janvier prochain.

Le processus de sélection des nouveaux membres a mis en lumière des critères privilégiant des considérations à la fois économiques et géostratégiques. Le souci d’équilibrer la représentation continentale a été manifeste, avec trois pays du Moyen-Orient, deux d’Afrique et un d’Amérique Latine.

Parmi les critères pris en compte, la démographie a joué un rôle majeur, illustré par des pays tels que l’Égypte (109 millions d’habitants), l’Éthiopie (120 millions) et l’Iran (88 millions). De plus, le poids financier a été un critère décisif, avec la participation de l’Arabie Saoudite, des Émirats arabes unis et de l’Iran.

Parmi les pays majeurs producteurs de pétrole, l’Arabie Saoudite, l’Iran et les Émirats arabes unis se profilent également comme des contributeurs potentiels au groupe.

Enfin, les performances économiques ont joué un rôle déterminant dans la sélection des nouveaux membres. Malgré les efforts entrepris depuis qu’elle a exprimé son désir de rejoindre les BRICS en octobre 2022, l’Algérie semble avoir été freinée par la réalité de sa situation économique.

Avec une forte dépendance aux hydrocarbures, qui représentent 60 % de ses revenus et 97 % de ses exportations, l’Algérie affiche un PIB de 3 700 dollars, bien en deçà des Émirats arabes unis et leur PIB frôlant les 40 000 dollars.

Un reflet des retards économiques de l’Algérie

Avec des réserves de change de seulement 66,14 milliards de dollars à fin mars, l’Algérie est loin derrière des pays tels que l’Arabie Saoudite (429,9 milliards de dollars en avril dernier).

Mais au-delà de ces indicateurs, l’Algérie, malgré ses atouts naturels, affiche des vulnérabilités économiques. Son industrie déclinante et un secteur bancaire dominé par les institutions publiques font partie des faiblesses mises en évidence.

L’Algérie accuse également un retard dans les réformes structurelles et sa bureaucratie entrave sa modernisation.

Malgré le soutien reçu de la part de la Russie et de la Chine, comme en témoigne la récente visite du président Abdelmadjid Tebboune, l’Algérie s’attendait déjà à cette issue. La présence du ministre des Finances, Laaziz Faid, au sommet en est un signe évident. En outre, lors d’une entrevue avec la chaîne qatarie Al Jazeera en avril dernier, Abdelmadjid Tebboune avait déjà évoqué l’aspiration initiale de l’Algérie à devenir membre observateur.

Bien que mettant en avant les atouts du pays, notamment son absence de dette extérieure et son statut d’important exportateur de gaz, Abdelmadjid Tebboune avait reconnu certaines « faiblesses ».

« Beaucoup de travail reste à accomplir cette année pour augmenter le PIB et la contribution du secteur industriel au PIB, ainsi que plusieurs indicateurs économiques que nous devons réformer davantage pour rejoindre les BRICS avec fierté », avait-il admis.

Pour certains économistes, cette situation pourrait offrir une opportunité à l’Algérie pour accélérer les réformes nécessaires à la diversification économique et à la modernisation administrative. Le pays doit en effet entreprendre des réformes audacieuses pour répondre aux exigences de l’économie mondiale.