Tizi-Ouzou : La librairie Cheikh Multilivres fermée par décision des autorités locales
La célèbre librairie Cheikh Multilivres, située à Tizi-Ouzou, a été fermée temporairement par les autorités locales. Cette décision a été justifiée par un manquement administratif, comme l’a précisé le propriétaire des lieux, M. Omar Chikh. Il explique que la fermeture a été imposée sous prétexte que la mention des ventes dédicaces n’apparaît pas sur son registre de commerce. Toutefois, il affirme que cette exigence n’est pas une obligation du Centre National du Registre de Commerce (CNRC) et qu’aucune autre librairie en Algérie n’a été contrainte à une telle formalité pour organiser des séances de dédicaces.
Cette fermeture, ordonnée par la wilaya de Tizi-Ouzou, s’ajoute à une série de restrictions touchant le secteur littéraire local. En effet, des événements tels que le festival Racont’Arts et plusieurs cafés littéraires ont également été interdits ces derniers temps.
Un coup dur pour une librairie historique
Algérie 360 rapporte que la fermeture a été une surprise totale pour le propriétaire, qui a découvert l’avis de fermeture affiché sur la porte de sa librairie. Cet établissement historique, fondé en 1936, n’avait jamais connu un tel incident depuis sa création. La fermeture est fixée pour une durée de 30 jours.
Koukou Éditions également touchée par des interdictions
Cette décision intervient parallèlement à l’interdiction faite à Koukou Éditions d’exposer au Salon du livre Djurdjura, prévu du 11 au 16 décembre 2024. Après leur exclusion du SILA 2024, cette nouvelle interdiction semble être le résultat de pressions exercées sur les organisateurs du salon, conditionnant la tenue de l’événement à l’absence de cette maison d’édition.
Solidarité et réactions face à ces mesures
Ces décisions ont suscité une vague de protestations parmi les auteurs et éditeurs. Plusieurs d’entre eux ont annoncé leur retrait du Salon du livre Djurdjura en signe de soutien à Koukou Éditions et à la librairie Cheikh Multilivres. Parmi les voix qui se sont élevées, Mohcine Belabbas, ancien président du RCD, a exprimé sa solidarité via sa page Facebook. Il a dénoncé cette fermeture comme une atteinte à la liberté de pensée, déclarant : « Les portes d’une librairie se sont refermées, non pas faute de lecteurs, mais sur ordre des autorités ».
Selon Algérie 360, ces décisions sont perçues comme des tentatives de restreindre les espaces de débat et de savoir. Belabbas conclut en affirmant que « les mots n’ont aucune frontière ; ils brisent les murs et construisent des lendemains plus libres ».