Le projet de loi de finances pour l’année 2025 (PLF 2025) fait actuellement l’objet de nombreux débats au sein du Parlement algérien. Parmi les 110 propositions déposées par les députés, plusieurs visent à assouplir les règles d’importation des véhicules, en particulier des voitures d’occasion. Ces propositions s’inscrivent dans un double objectif : répondre à une demande croissante pour les véhicules neufs et d’occasion, et permettre aux Algériens d’acquérir des voitures à des prix plus abordables.

Une proposition phare : L’importation des véhicules d’occasion de moins de 5 ans sans restrictions

L’une des propositions les plus remarquées porte sur l’autorisation d’importer des voitures d’occasion de moins de cinq ans sans aucune restriction concernant la revente. Les députés soutiennent que cette mesure pourrait augmenter l’offre de véhicules sur le marché national et, par conséquent, faire baisser les prix. Cette idée est particulièrement séduisante pour les consommateurs, qui se retrouvent souvent confrontés à un marché de l’occasion saturé de véhicules vétustes, dépassant parfois les 30 ans. Ces voitures, souvent non conformes aux normes de sécurité et de confort modernes, ne répondent plus aux besoins actuels des acheteurs.

Un marché de l’occasion en crise : les véhicules trop anciens et des prix inaccessibles

Le marché des voitures d’occasion en Algérie est dominé par des véhicules obsolètes, dont l’âge moyen dépasse largement les 30 ans. Ce phénomène est perçu comme un frein au développement du secteur automobile, car ces véhicules ne garantissent pas un niveau de sécurité et de confort suffisant. D’autre part, les véhicules neufs restent largement inaccessibles pour une grande partie de la population, en particulier pour les fonctionnaires et les classes moyennes, dont le pouvoir d’achat peine à suivre l’augmentation des prix.

La revente des véhicules d’occasion : Une question de liberté individuelle

Le projet de loi de finances 2025 impose également une restriction importante : l’interdiction de revendre un véhicule d’occasion dans les trois ans suivant son achat. Cette interdiction est perçue par certains députés comme une atteinte à la liberté de propriété, un principe fondamental inscrit dans la Constitution algérienne. Pour ces élus, une telle disposition viole le droit des citoyens à disposer de leur bien comme bon leur semble. D’où les propositions d’amendement visant à abroger cette mesure.

Des amendements pour réformer l’importation des véhicules

Parmi les amendements soumis, l’amendement n° 107/72/2024 propose d’ouvrir la porte à l’importation des véhicules de moins de 5 ans par les Algériens résidant à l’étranger, dans le but d’instaurer plus d’équité entre les citoyens du pays et ceux de la diaspora. L’idée derrière cette proposition est de permettre aux Algériens à l’étranger de contribuer activement à la solution en facilitant le dédouanement des véhicules qu’ils importent, rendant ainsi ces voitures plus accessibles pour ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter un véhicule neuf.

L’amendement 110/72/2024, quant à lui, cherche à ajuster le calcul de la période de trois ans en fonction de la date de conclusion du contrat d’achat et non de la date d’arrivée du véhicule en Algérie, afin de permettre une plus grande flexibilité pour les importateurs.

Un cadre plus souple pour encourager l’achat de véhicules en devises étrangères

Un autre amendement important, le n° 46/72/2024, propose de supprimer l’article 203 du projet de loi, qui empêche la revente des véhicules d’occasion pendant une période de trois ans. Cette mesure est considérée comme incompatible avec la liberté commerciale et avec la protection de la propriété privée, garanties par la Constitution. L’amendement 52/72/2024 soutient également cette abrogation, en mettant en avant la nécessité de permettre aux citoyens de pouvoir acheter des véhicules en devises étrangères et ainsi participer au développement économique du pays par les recettes fiscales issues du dédouanement.

Vers un marché automobile plus accessible ?

Ces propositions, bien qu’encore en débat, révèlent une volonté claire de réformer le marché automobile algérien pour le rendre plus dynamique et accessible. Les députés semblent prêts à libéraliser l’importation des véhicules d’occasion, un secteur clé pour offrir aux citoyens une alternative face à l’inaccessibilité des voitures neuves. Le gouvernement devra toutefois trancher sur l’intégration ou non de ces amendements dans le projet de loi final, et sur l’impact que cela pourrait avoir sur l’économie du pays.