Une baisse significative mais temporaire
Depuis le 10 décembre, le marché noir des devises en Algérie connaît une chute notable. Ce dimanche 29 décembre, l’euro s’échangeait à 242 dinars algériens, contre un pic historique de 262 dinars le 9 décembre. Le dollar a suivi une trajectoire similaire, chutant de 248 à 236 dinars.
Cette décrue est principalement attribuée à des mesures prises par le gouvernement, notamment l’augmentation de l’allocation touristique et le renforcement des contrôles douaniers. Cependant, selon l’économiste Brahim Guendouzi, cette baisse est temporaire et résulte d’une combinaison de facteurs spécifiques.
Les raisons de la chute des cours
Trois principales raisons expliquent cette tendance :
- Lutte contre la fuite des capitaux : L’Algérie a renforcé les contrôles aux frontières et applique des réglementations strictes pour réprimer les infractions aux changes, conformément aux recommandations du Groupe d’Action Financière (GAFI).
- Nouvelle réglementation sur les devises : Un règlement limitant les montants de devises exportables à 7500 € par an a réduit la demande sur le marché informel.
- Revalorisation de l’allocation touristique : À partir de 2025, les adultes auront droit à 750 euros par an, contre 100 euros auparavant. Cette mesure incite les particuliers à attendre avant d’acheter des devises sur le marché noir.
Un marché noir sous surveillance
Malgré la baisse actuelle, le marché noir des devises reste un pilier pour les Algériens. Que ce soit pour voyager, financer des études ou importer des biens, beaucoup n’ont d’autre choix que de se tourner vers ce circuit informel. Toutefois, son opacité et son rôle dans le blanchiment d’argent suscitent des inquiétudes.
Le gouvernement a donc intensifié ses efforts pour contrôler ce marché. Parmi les mesures phares, l’interdiction des transactions immobilières en cash à partir de janvier 2025 vise à limiter l’entrée illégale de devises dans le pays.
Vers une transformation économique
Pour réduire l’impact du marché noir, les experts soulignent l’importance de générer des devises en dehors des hydrocarbures. La diversification des exportations et le développement de la production nationale sont essentiels pour diminuer les importations et renforcer l’économie locale.
Selon Brahim Guendouzi, l’investissement productif est le moteur de cette transformation. La Banque d’Algérie pourrait également assouplir son contrôle des changes pour encourager les entreprises à investir à l’international, marquant ainsi un changement progressif du statut de l’Algérie d’importateur à producteur.
Conclusion
Bien que le marché noir des devises reste indispensable dans le contexte actuel, les réformes en cours visent à en réduire l’ampleur tout en contrôlant ses effets nocifs. La transition vers une économie diversifiée et moins dépendante des hydrocarbures apparaît comme la solution durable pour limiter l’influence de ce marché parallèle.