Selon une enquête récente, rapportée par Algérie 360, l’immigration clandestine des Algériens vers l’Espagne, appelée communément « harraga », s’est transformée en une véritable industrie générant des millions d’euros chaque année. Ce phénomène, qui autrefois semblait marginal, attire désormais des milliers de jeunes Algériens, désillusionnés par les perspectives limitées dans leur pays.
Une industrie en plein essor
Ces derniers mois, une hausse significative du nombre de migrants algériens atteignant illégalement les côtes espagnoles a été observée, particulièrement en lien avec l’approche des élections présidentielles en Algérie. Entre juin et août 2023, environ 3700 Algériens ont effectué cette dangereuse traversée de la Méditerranée. Le 3 septembre, 8 bateaux transportant 139 Algériens, dont des enfants, ont accosté aux îles Baléares. Ces chiffres, rapportés par Algérie 360, ne représentent que les arrivées officiellement enregistrées.
Le média français Jeune Afrique a également mis en lumière la complicité des réseaux présents des deux côtés de la Méditerranée, facilitant ainsi cette migration illégale. Entre janvier et novembre 2021, les bénéfices de ces réseaux de passeurs ont été estimés à environ 60 millions d’euros. Le coût du voyage dépend de facteurs tels que le poids du passager et la durée de la traversée.
Un prix élevé pour un risque majeur
Selon Algérie 360, les prix des traversées clandestines ont fortement augmenté ces dernières années. En raison de la demande croissante et de l’amélioration des moyens de transport, le coût moyen pour une traversée s’élève à environ 800 000 dinars algériens (soit 5400 euros). Les passeurs justifient ce prix par l’utilisation de bateaux plus modernes, notamment les « fantômes » de type « Sari 3 », prisés pour leur rapidité et leur discrétion, similaires aux embarcations utilisées par les trafiquants de drogue.
L’histoire d’Elias, un jeune diplômé en informatique, est représentative de cette situation. En juillet 2021, Elias a tenté de rejoindre l’Espagne, préférant affronter les dangers d’une vie de clandestin plutôt que de rester en Algérie. Comme lui, de nombreux jeunes Algériens choisissent cette voie périlleuse, dans l’espoir d’une vie meilleure, malgré les risques et le coût élevé.