Le feuilleton de participation du Maroc au CHAN 2022 en Algérie a pris fin vendredi sur un ultime rebondissement.

Le Maroc a décidé vendredi de faire définitivement l’impasse sur la compétition réservée aux joueurs évoluant dans les championnats locaux après avoir annoncé jeudi qu’il allait participer.

Cette décision risque de coûter cher à la sélection marocaine.

Le Maroc risque de lourdes sanctions selon le règlement du championnat d’Afrique des nations. Les sanctions prévues par l’article 80 dudit règlement sont d’ordre financier et sportif.

Lourdes sanctions en vue

L’article 80 stipule clairement qu’un « forfait déclaré moins de vingt jours avant le début de la compétition finale ou pendant celle-ci, entraînera outre la perte du droit d’entrée, une amende de  150.000 dollars ainsi que la suspension de l’association concernée pour les deux éditions suivantes du Championnat d’Afrique des Nations sauf cas de force majeure tel que défini par la commission d’organisation de la CAF. »

La Fédération royale marocaine de football (FRMF) pourrait plaider le « cas de force majeure » cité dans l’article 80.

Le Maroc a justifié sa décision par le fait que l’Algérie ait refusé d’autoriser un vol direct de la Royal Air Maroc entre Rabat et Constantine pour le transport de la délégation marocaine.

Or, selon le même règlement du CHAN, l’Algérie en tant que pays hôte est responsable du transport des délégations visiteuses au niveau local uniquement. Les plans de vols sont du ressort exclusif des équipes visiteuses.

Le Maroc aurait très bien pu arriver en Algérie via une escale comme c’est le cas d’une grande partie des délégations participantes au CHAN 2022.

Lors des Jeux méditerranéens 2022 à Oran, la délégation sportive marocaine, autrement plus importante que celle prévue pour le CHAN, était venue en Algérie via Tunis.

Lekjaa, réalisateur d’un feuilleton de mauvais goût

Pour ce CHAN, le président de la FRMF Fouzi Lekjaa a préféré faire durer le suspense jusqu’à la dernière minute avec le but de rendre l’Algérie coupable de la non-participation du Maroc à cette compétition.

Le ministère marocain des affaires étrangères a déclaré jeudi soir dans un communiqué repris par l’AFP que le Maroc allait prendre part au CHAN en Algérie et que le départ se ferait vendredi matin sans préciser les modalités du voyage.

La délégation marocaine qui devait participer au CHAN 2022 s’est déplacée vendredi à l’aéroport de Rabat où un avion de la RAM attendait « une autorisation de vol » pour rallier Constantine.

L’autorisation ne viendra jamais puisque du côté algérien, il était hors de question de revenir sur l’interdiction d’espace aérien imposé aux avions marocains en vigueur depuis septembre 2021, d’autant plus que c’était le seul but recherché à travers l’agitation marocaine.

La CAN 2025 en point de mire

Cette mise en scène marocaine a été sciemment orchestrée par Fouzi Lekjaa qui devait accueillir les présidents de la FIFA et de la CAF, Gianni Infantino et Patrice Motsepe à l’aéroport de Rabat Salé justement.

Le président de la FRMF a fait en sorte qu’à leur arrivée, Infantino et Motsepe constatent de visu que le Maroc a bien voulu participer au CHAN mais que c’est l’Algérie qui l’en a empêché.

Difficile de ne pas penser qu’à travers ces agissements, Fouzi Lekjaa n’avait pas en tête la course à l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations en 2025 dans laquelle le Maroc est candidat en lice contre l’Algérie entre autres.

Du point de vue des infrastructures, l’Algérie part avec un avantage certain puisque ses installations sont plus récentes que celles du Maroc mais au niveau des coulisses, le Maroc mené par Lekjaa domine mieux le terrain en l’absence de représentants algériens dans les instances internationales de football, FIFA et CAF.