Le premier ministre suédois a déploré dimanche un «acte profondément irrespectueux» au lendemain de l’autodafé d’un coran lors d’une manifestation à Stockholm, en exprimant sa «sympathie» aux croyants après plusieurs protestations dans le monde musulman.
«La liberté d’expression est une part fondamentale de la démocratie. Mais ce qui est légal n’est pas nécessairement approprié», a déclaré le dirigeant conservateur Ulf Kristersson sur Twitter dans un message publié dans la nuit. «Brûler des livres qui sont saints pour beaucoup est un acte profondément irrespectueux. Je veux exprimer ma sympathie à tous les musulmans qui ont été offensés par ce qui s’est passé à Stockholm» samedi, a affirmé le chef du gouvernement.
Samedi après-midi, dans le cadre d’une manifestation autorisée par la police suédoise à proximité de l’ambassade de Turquie, l’extrémiste de droite suédo-danois Rasmus Paludan a brûlé un exemplaire du Coran, dans un acte visant à dénoncer les négociations suédoises avec Ankara sur l’Otan.
Vives réactions des pays musulmans
L’autorisation donnée à la manifestation anti-islam a suscité un incident diplomatique avec la Turquie, qui a dénoncé un «crime de haine manifeste» et annulé la visite d’un ministre suédois prévue la semaine prochaine, compliquant encore plus les discussions autour de l’adhésion suédoise à l’Otan, bloquée par Ankara. De nombreux autres pays musulmans ont exprimé leur indignation.
L’Algérie dénonce « un acte susceptible d’attiser la haine »
Sur le plan diplomatique, de nombreux grands pays musulmans ont vigoureusement réagi, dénonçant unanimement un acte intolérable, parmi lesquels l’Algérie, l’Arabie Saoudite, l’Indonésie, la Turquie…
L’Algérie a réagi officiellement ce dimanche 22 janvier par le biais d’un communiqué du ministère des Affaires étrangères qui dénonce un « acte scandaleux ».
« L’Algérie dénonce avec force l’incident de l’incinération d’exemplaires du Saint Coran par des extrémistes suédois devant les représentants de la force publique du royaume de Suède dans les villes de Malmö et de Linköping », lit-on dans le communiqué du département de Ramtane Lamamra.
L’Algérie considère que cet « acte scandaleux » est susceptible d’ « attiser la haine », et de « provoquer les sentiments religieux des musulmans ».
Il s’agit d’un acte qui porte atteinte aussi aux « valeurs de liberté qui fondent les sociétés » et « les principes fondamentaux des droits de l’homme ». Pour l’Algérie, cet acte est susceptible d’annihiler les efforts pour le dialogue et la cohabitation entre religions, conclut le communiqué.
Dans sa réaction, la Turquie a dénoncé un « crime de haine manifeste » et annulé une visite d’un ministre suédois à Ankara.
Le gouvernement suédois est sorti de son silence ce dimanche par la voix du Premier ministre Ulf Kristersson qui s’est démarqué de l’acte, le qualifiant de « profondément irrespectueux ».
« La liberté d’expression est une part fondamentale de la démocratie. Mais ce qui est légal n’est pas nécessairement approprié », a-t-il indiqué dans un tweet, tout en exprimant sa « sympathie » aux musulmans.